Les Prémisses

A force d'expériences et de réflexions nous avons mis en lumière 5 prémisses, sortes de sagesses sur le monde, ou principes de base de la vie humaine. Cet angle de lecture de la vie est souvent caché dans notre société actuelle, en voici un extrait de 'Éducation' Authentique Pourquoi ?, Jean-Pierre Lepri, Myriadis, 2017, 355 p.


1. Apprendre est inné

Apprendre, c’est vivre.

Vivre, c’est apprendre1.

« Apprendre est inné » est la première prémisse qui a pris forme dans notre réflexion. Ap-prendre, c’est tout simplement prendre avec moi2. Sans apprendre, aucune (sur)vie ne serait possible. Car apprendre, c’est mémoriser ce qui est favorable à ma survie, pour le rechercher ultérieurement, et mémoriser ce qui lui est défavorable, pour l’éviter à l’avenir. Apprendre résulte donc du simple fait biologique que j’ai une mémoire, d’une part, et un instinct de survie, d’autre part. Apprendre est donc inéluctable, biologique en quelque sorte.

Apprendre ne peut pas être un acte isolé. Mes apprentissages vont se faire en relation directe avec le milieu dans lequel je me trouve. Je vais y mémoriser ce qui est favorable à ma survie ou à mon confort – et ce qui ne l’est pas. C’est ainsi, par exemple, qu’à ma naissance, je suis en capacité d'apprendre une ou plusieurs des six mille langues parlées actuellement à la surface de la terre. Cela dépendra du milieu dans lequel je vis. Cela vaut pour mon apparition dans le monde (ma naissance), mais aussi, par la suite, pour mon éventuel transfert dans d’autres milieux.

Je ne peux pas ne pas apprendre. Apprendre ne s’apprend pas, c’est inné3.

1 Auteur inconnu : réflexion qui semble évidente à quiconque s’intéresse à la vie.

2 Une fois pris, c’est com-pris.

3 Pour des développements, voir La Fin de l’éducation ?, Myriadis, p.58-94.

Pour poursuivre sur ce thème :  - Gogues et pédagogues - École ou skholè ? - Transmettre ? - Éducations, formations… et autres aliénations - Éducations - éduca-scions ? - Vivre sans éducation ? - Travaille bien à l’école… - Coopérer ? - La justice, une compétence - « Le temps ne fait rien à l’affaire… »

2. J'enseigne ce que je suis

« J’ai fini par considérer que les résultats de l’enseignement

sont ou insignifiants ou nuisibles1 . »

Au sens premier2, enseigner c’est montrer – comme dans « enseigner le chemin » ou, plus simplement, comme l’enseigne qui, devant le magasin, montre ce qu’il y a à l’intérieur. Un dictionnaire précise : indiquer, faire connaître, quelque chose que ce soit (du latin « insignare », dérivé de « signum » : « signe »).

Au sens second, enseigner serait l’acte corollaire d’apprendre. Mais en réalité et en fait, ne s’agit-il pas encore de « *montre » ou de « *monstration » (néologisme pour désigner l’acte de montrer) ? Quand j’enseigne, je montre (je pense montrer) ce qui va être appris par mon interlocuteur, fût-il « actif » ou « passif » : additionner, coudre, nager… Or ce n’est pas parce que moi, je suis concentré sur cela, dans ma pensée et dans mon intention, que tout le reste disparaît et que je ne montre que cela. Ce qui est là, à ce moment-là, visible comme invisible3, est bien là, sans doute hors de ma perception ou de ma conscience ; ce qui est là déborde largement ce que je crois ou pense, en toute bonne foi, montrer.

1 Carl Rogers, Liberté pour apprendre, Dunod, p. 153.

2 Paru dans LEA n° 15, février 2009.

3 Nous nous référons, ici, à ce qui n’est pas perceptible par nos yeux : les microbes, les molécules, les astres, l’infra-rouge et l’ultra-violet… mais dont la science et des instruments convertisseurs nous rendent visible l’existence. Ou ce qui se passe, à cet instant précis, sur place mais caché par un obstacle, ou juste à côté (dans mon dos, dans la pièce à côté…) – et tout ce qui ne m’est pas visible, ici et dans le monde, à chaque instant.

Enseigner, c’est (me) montrer

Me connaître ?

Temps mieux… (l’éducation lente)

« Capable, peut mieux faire » et le plaisir de penser

Bonheur et éducation

À quoi me sert d’avoir peur ?

Libre ! … mais de quoi ?

Faire…

Contrôler n’est pas évaluer… et inversement

Désir d’éduquer (ou de former)

3. Ce qui est est. La carte n'est pas le territoire

Pour capter le sens, il faut oublier les mots.

Tchouang-tseu1

Nous réagissons généralement aux titres des journaux imprimés, télévisés ou radiodiffusés. Nous réagissons de même à des invectives ou à des éloges, écrits ou proférés. De même, nous réagissons à des romans, à des films, à des histoires. Nous semblons alors prendre comme réel ce qui en est « dit ». Plus simplement nous prenons le mot pour la chose. Dans cette situation, c’est comme si le mot « chien » aboyait ou le mot « revolver » tuait. Nous prenons le signal pour ce qu’il représente, la carte pour le territoire, ce qui devrait être pour ce qui est.

Cette troisième prémisse fait, en premier lieu, la distinction entre ces deux registres. Une carte n’est pas le territoire qu’elle représente, elle ne le sera jamais – et réciproquement. Ce qui devrait être ne sera jamais ce qui est – et réciproquement. Comme le dit Korzybski : « Quoi que vous disiez qu’une chose est, elle ne l'est pas ! »

1 « La raison de la nasse est dans le poisson, mais pour prendre le poisson il faut oublier la nasse ; la raison du collet est dans le lapin, mais pour prendre le lapin, il faut oublier le collet ; la raison des mots est dans le sens, mais pour capter le sens, il faut oublier les mots. » Les Œuvres de Maître Tchouang, traduction de Jean Lévi, Encyclopédie des nuisances, p. 10.

Le rôle du langage

Compas-raison et con-pas raison

Je doute à chaque instant

L’identité : un « papier »

Les questions en question

À quoi (me) sert de souffrir ?

J’aime… (je même)

Mort : échéance de fin de moi

Quelle crise ?

Famille, je vous ai !

(In)justice et éducation

4. Je construis la réalité à chaque instant

La conception que tout individu a du monde est et reste toujours une construction de son esprit, et on ne peut jamais prouver qu’elle ait une quelconque autre existence.

Erwin Schrödinger, L’Esprit et la Matière.

Je me crois en enfer, donc j'y suis.
Arthur Rimbaud, « Nuit de l'enfer », Une Saison en enfer.

« Nous percevons notre environnement par nos cinq sens et nous avons l’impression d’être en contact direct avec les objets et les personnes. Pourtant, il s’agit d’une illusion : quelles que soient les perceptions, il s’agit d’une construction élaborée par notre corps et surtout par notre cerveau.

Pour prendre un exemple avec le sens de l’ouïe : « dehors » pour dire en dehors de notre esprit, il n’y a ni son, ni musique. Il y a des variations périodiques de pression de l’air captées par l’oreille, le tympan, filtrées mécaniquement par le colimaçon de l’oreille interne et propagées aux neurones du nerf auditif. Le son est une construction de notre cerveau, la musique étant une construction sur cette construction en y associant d’autres concepts comme le rythme ou le plaisir…

Ce que nous appelons réalité est en fait une image, une construction qui est propre à chacun d’entre nous. Nous n’avons pas accès aux objets qui nous entourent, nous avons accès à l’information que nous donnent nos sens, le reste est construction.

Nous agissons en fonction d’une réalité construite par notre cerveau et notre esprit. Il s’agit d’une représentation1. »

« Notre environnement, tel que nous le percevons, est notre invention2. »

« Nous construisons le monde, alors que nous pensons le percevoir. Ce que nous appelons "réalité " est une interprétation, construite par et à travers la communication3. »

1 http://olivierlecointre.fr/2012/11/11/linvention-de-la-realite/

2 Heinz Von Foerster, in Paul Watzlawick, L’invention de la réalité, Points, p. 46.

3 Paul Watzlawick.

Je construis le monde

Le milieu, c’est quoi ?

J’apprends par imitation

Changements, réformes, révolutions… et autres immobilismes

Dominant ou dos miné ?

Agir

Évoluer

Désir : en vie !

Des limites délimitent…

Maîtres et…

Seul, c’est sûr… et c’est sûr !

Comment les valeurs valent-elles ?

5. La relation est le tout. Tout est relation

Maudit
soit le père de l’épouse
du forgeron qui forgea le fer de la cognée
avec laquelle le bûcheron abattit le chêne
dans lequel on sculpta le lit
où fut engendré l’arrière-grand-père
de l’homme qui conduisit la voiture
dans laquelle ta mère
rencontra ton père
1 !

La vie est échange permanent : j’inspire et j’expire, je reçois et je donne, du physique comme de l’immatériel. Que cesse cet échange ou qu’il ne fonctionne que dans un sens et je suis mort ou malade. La mort, c’est quand il n’y a plus d’échanges. Tout n’est – au sens d’exister – que parce qu’il y a relations. Rien n’est isolé. « Tout est dans tout… et réciproquement », selon le mot d’Alfred Capus. C’est une première remarque.

Ces échanges ne s’établissent pas nécessairement entre deux personnes : l’une donne, l’autre reçoit, et inversement. Je peux recevoir d'une personne et donner à une autre. Mon équilibre vivant sera tout aussi entretenu.

Bien entendu, il s’agit d’échanges justes2, donc non-toxiques. Savoir ce qui est juste ne peut se déterminer que dans la situation et ne pré-existe pas.

D’une manière générale, la relation est un rapport, une liaison qui existe entre deux termes, deux choses, deux personnes, deux grandeurs, deux phénomènes… Cette relation a toujours deux « bouts » et fonctionne toujours entre un bout et l’autre. Comme on peut le comprendre, ce qui est important, ici, n’est pas l’un ou l’autre bout de la relation mais la relation elle-même, ce qu’elle véhicule. Pour autant, la justesse de ce qu’elle véhicule dépend bien entendu des bouts, et du contexte. La relation juste résulte donc d’un équilibre instable entre les deux bouts de la relation et leur environnement. Il n’en reste pas moins que c’est cette relation qui sera déterminante pour le receveur, comme pour le donneur.

1 Robert Desnos, Corps et biens, 1923

2 Voir « Du juste », chapitre 6.

Le dia-logue

Apprendre à être

Que suis-je, au juste ?

Éduquer au mental ?

Pour le « savoir pauvre »

Je veux…

Être reconnu

Le temps d’apprendre

Exister ?

Attention à l’(in)attention !

Socialiser ?

Relations contre positions

Obéir ou désobéir ?

 

Méfaits scolarisation : dominant-soumis, dépendance, peur, manque



    Apprendre c'est naturel
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    J'enseigne ce que je suis


      Ce qui est est - la carte n'est pas le territoire


        Je construis la réalité à chaque instant


          La relation est totalité


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